WASHINGTON, 3 mai 2010 (APM) – Les combinaisons d’antibiotiques sont efficaces contre les arthrites réactionnelles chroniques liées à Chlamydia, démontre une petite étude publiée dans Arthritis and Rheumatism. Liée à un évènement infectieux (Chlamydia trachomatis, Chlamydia pneumoniae, Salmonella, Shigella, etc), l’arthrite réactionnelle appartient au groupe des spondylarthropathies, qui comprend la spondylarthrite ankylosante, le rhumatisme psoriasique, l’arthrite associée aux maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (Mici) et les spondylarthropathies indifférenciées. L’efficacité d’un traitement antibiotique demeure controversée, rappellent John Carter, de l’University of South Florida de Tampa, et ses collègues. Alors que plusieurs études ont démontré l’inefficacité d’une monothérapie, d’autres ont suggéré qu’une telle stratégie pouvait être d’intérêt contre les formes liées à Chlamydia, mais seulement dans la phase précoce de la maladie. Après une étude pilote encourageante contre les spondylarthropathies indifférenciées -les spondylarthropathies semblent pour nombre d’entre elles liées à une infection à Chlamydia (cf dépêche dépêche du 05/05/2009 à 11:02), l’équipe américaine confirme l’efficacité de combinaisons à base de rifampicine contre les arthrites réactionnelles liées à Chlamydia trachomatis ou Chlamydia pneumoniae. Alors que cette maladie se résout souvent vite, elle demeure sous forme chronique chez environ un tiers des patients. Dans l’étude, les 42 patients inclus étaient ainsi atteints depuis plus de dix ans malgré la prise de traitements de fond (DMARDs en anglais). Ils ont été randomisés en trois bras, le premier prenant une combinaison à base de rifampicine et de doxycycline, le deuxième une association rifampicine/azithromycine, le troisième des placebos. Pendant les six mois de traitement, ils pouvaient continuer à prendre leurs anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), leurs corticoïdes ou leurs DMARDs. A six mois, 63% des patients sous antibiotiques s’avéraient répondeurs au traitement (réduction d’au moins 20% d’au moins quatre critères sur six, sans régression sur aucun d’entre eux), contre 20% sous placebo. La taille de l’étude n’était pas suffisante pour permettre une comparaison entre les deux traitements. Pendant les trois mois suivant l’arrêt des antibiotiques (de six mois à neuf mois), les chercheurs n’ont pas observé de régression sur l’ensemble des patients traités, que ce soit en termes d’avis global du médecin, de fonction physique, de taux de sédimentation des érythrocytes ou de protéine C-réactive (CRP). Parmi les sept patients sous DMARDs à l’inclusion, quatre sous sulfasalazine (Salazopyrine*, Pfizer) ont pu l’interrompre une fois sous antibiotiques, dont deux dès le premier mois, alors que le traitement par DMARDs est resté inchangé chez les trois patients du groupe placebo qui en prenait initialement un. Sur les 27 patients sous antibiotiques, six (22%) considéraient, même trois mois après l’arrêt du traitement, qu’ils avaient atteint la rémission, contre aucun dans le bras placebo. « Il s’agit de la première étude en aveugle à montrer un bénéfice d’une combinaison antibiotique prolongée chez des patients atteints d’une arthrite réactionnelle chronique liée à Chlamydia », notent les chercheurs. « A première vue, ces résultats sont très prometteurs en ce qu’ils ouvrent une nouvelle voie thérapeutique, non seulement contre les arthrites réactionnelles liées à Chlamydia, mais aussi contre l’ensemble des spondylarthropathies induites [par ce pathogène] », commentent Markus Rihl, de l’école de médecine de Hanovre (Allemagne), et ses collègues dans un éditorial. Selon eux, il reste à mieux définir la stratégie thérapeutique, notamment en termes d’antibiotiques à utiliser, de dosage et de durée du traitement. (Arthritis and Rheumatism, vol.62, n°5, p1298-1307 et p1203-1207)
L’Arthrite réactionnelle du aux chlamydias pneumonia et trachomatis
par Cpn | Avr 27, 2020 | Chlamydia pneumoniae | 0 commentaires
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